Le film Air m’a conquise de façon inattendue ! Il offre de précieuses leçons de management qui mettent en avant l’équité, l’humanité, la vision et l’intrapreneuriat. Ces qualités, parfois attribuées au leadership féminin, nous éloignent des stéréotypes habituels concernant les managers. En tout cas, c’est ce que moi j’y ai vu: ce qui rend ce film particulièrement intéressant, c’est qu’il offre des leçons adaptables à chaque manager, en fonction de sa sensibilité.
You’re going to be attacked, betrayed, exposed and humiliated. And you’d survive that. A lot of people can climb that mountain. It’s the way down that breaks them, ’cause that’s the moment when you are truly alone. And what would you do then? Can you summon the will to fight on, through all the pain, and rise again?
– Sonny Vaccaro à Michael Jordan
(On va t’attaquer, te trahir, parler de tes erreurs et t’humilier. Tu vas survivre. Beaucoup de gens sont capables de gravir cette montagne. Mais c’est la descente qui est difficile, parce que c’est le moment où tu te retrouveras tout seul. Et qu’est-ce que tu vas faire? Est-ce que tu vas réussir à trouver la volonté de te battre, de traverser tous ces obstacles et de te relever?)
Il y a quelques jours, j’ai vu le film Air. C’est une super aventure dans le monde du sport business. Elle retrace l’origine de Air Jordan, la gamme de baskets Nike créée spécialement pour Michael Jordan au milieu des années 1980.
En miroir, ces paroles de Sonny Vaccaro à Michael Jordan évoquent la résilience et la persévérance, deux notions essentielles pour réussir en tant que manager. Mais pas seulement à titre personnel: la véritable force d’un·e manager réside dans sa capacité à inspirer, motiver et faire briller ses équipes dans les moments les plus difficiles.
Le film suit Sonny Vaccaro, un directeur du marketing sportif de Nike. Il est convaincu que Michael Jordan peut aider l’entreprise à s’installer sur le marché du basket, même si le joueur est encore très peu connu. La mère de Michael Jordan occupe elle aussi un rôle central dans l’histoire. C’est elle qui pousse son fils à voir plus loin et qui réussit à convaincre la marque de signer un contrat révolutionnaire.
Et forcément, j’ai trouvé qu’il y avait quelques leçons à en tirer pour une femme manager comme moi.

Être équitable
La mère de Michael Jordan a réussi à obtenir quelque chose d’inédit dans le marché de l’époque: son fils touchera un pourcentage des ventes en plus de la rémunération fixe prévue.
Elle le justifie par une petite phrase toute simple:
« You eat, we eat. » (Si vous mangez, alors nous aussi on doit manger.)
– Deloris Jordan
J’adore cette idée: en tant que manager, je suis convaincue qu’on doit suivre la même logique, en retournant phrase: ça doit devenir: « We eat, you eat. » Si l’entreprise obtient quelque chose, alors les personnes qui ont contribué doivent en bénéficier aussi.

Miser sur l’humain
Jusque-là, les athlètes étaient traités comme des objets, ils étaient un simple support pour la chaussure de sport. Des sortes de panneaux publicitaires vivants. Dans le film, Sonny Vaccaro propose une autre approche.
« He doesn’t wear the show. He is the shoe. The shoe is him. » (Il ne va pas porter la chaussure, il va être la chaussure. La chaussure, c’est lui.)
– Sonny Vaccaro
A une époque où on a tendance à glorifier les outils, cette phrase doit nous rappeler qu’une entreprise repose avant tout sur les membres des équipes. Des humains. Car le rôle d’un·e manager n’est pas de contrôler, mais de construire et d’inspirer des équipes performantes.
Comme le dit Hubert Joly, l’ancien président et CEO de Best Buy, «Il faut remettre l’individu au coeur de l’entreprise dont il est à la fois l’alpha et l’oméga et refuser des arbitrages entre les intérêts des actionnaires et ceux des autres parties prenantes»

Faire émerger une vision commune
Au début, Michael Jordan ne veut pas rejoindre Nike. Pour convaincre le jeune joueur, Sonny Vaccaro va le faire rêver.
« You were cut from your high school basketball team, you willed your way to the NBA, you’re gonna win championships. You’re Michael Jordan, and your story is gonna make us want to fly. » (Tu as été viré de ton équipe au lycée et pourtant tu a réussi à atteindre la NBA. Tu vas remporter des championnats. Tu es Michael Jordan et ton histoire va donner à tout le monde envie de voler.)
– Sonny Vaccaro
En tant que manager, notre job c’est de tirer le meilleur de nos équipes. Je suis convaincue que la meilleure manière d’y arriver est de partager un rêve, une vision. C’est quelque chose que j’ai appris très tôt dans mon rôle de directrice chez Firstmed.
Au début, je voulais tellement être présente pour mes équipes que je me suis rendue indisepensable malgré moi. On me consultait pour le moindre petit détail et ce n’était pas tenable. Alors, j’ai changé d’approche. Je me suis assurée que tout le monde partageait la même vision sur notre rôle en tant qu’entreprise. Qu’ils et elles savaient pourquoi on fait ce qu’on fait. Avec cette boussole commune, je savais que chacun·e allait faire de son mieux et prendre les bonnes décisions lorsqu’il le faudrait. Et puis j’ai créé un groupe Whatsapp pour toute l’équipe sauf moi. Et tout le monde prend ses responsabilités depuis ce moment.

Valoriser l’intrapreneuriat
Sonny Vaccaro est loin d’avoir les coudées franches. Il a plusieurs étages de chefs au-dessus et ils ne croient pas à son idée. Mais Nike n’est pas une entreprise comme les autres. On y valorise le risque et l’esprit d’équipe. A un moment, le chef de Sonny lui dit:
« Phil brought you here because you’e the Mr Miyagi of highschool basketball. You’re not supposed to lecture people. You’re supposed to tell us who’s going to point the fence. » (Phil Knight [le CEO de Nike] t’a fait venir ici parce que tu es le M. Miyagi [le maître dans Karate Kid] du basket de lycée. Tu n’es pas là pour sermonner les gens, tu es là pour nous dire qui va repeindre la barrière.)
– Rob Strasser
C’est très juste. En tant que manager, on engage des gens parce qu’ils ont des compétences. On doit absolument les encourager à saisir les opportunités qui peuvent bénéficier à l’entreprise.
Personne ne l’a formulé aussi bien que Patty McCord, l’ancienne directrice RH de Netflix: «Pour créer une super équipe, il faut engager des gens bourrés de talents, qui sont adultes et qui meurent d’envie de surmonter un défi. Et ensuite, s’assurer en permanence qu’ils et elles ont compris quel est ce défi.»
Au fond, dans cette vision, les membres de l’équipe sont des guides. L’entreprise les engage pour aller à une destination précise, mais elle les laisse décider quel est le meilleur chemin. Pour moi, c’est ça être manager.
Quatre leçons essentielles
Il y aurait encore beaucoup à dire sur ce film. Beaucoup y verront le succès d’une entreprise qui allait mal, en tout cas la branche basket de Nike. Et qui en poursuivant une vision, a réussi à tout chambouler. Après tout, elle a révolutionné le marché au point de devenir le numéro 1 et d’aller jusqu’à racheter Converse, l’ancien leader.
Moi, j’y ai vu une source d’inspiration très précieuse pour les managers qui souhaitent exercer leur rôle de façon différente. Plus humaine. Loin des métaphores guerrières qui servent si souvent à illustrer le métier de patron·ne, le film Air nous montre qu’on peut aller très très loin en valorisant des notions positives comme l’équité, l’humanité, la vision et l’intrapreneuriat.
On ne sait jamais où une idée peut mener. C’est pour ça qu’il faut les encourager et les suivre.
Et vous, qu’est-ce que vous en pensez?